Témoignages sur Raymond Couty
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Guy Robin
Ma première rencontre avec Monsieur Couty, oui c’était toujours comme cela que nous l’appelions… fut en 1959-1960, j’étais étudiant, et il nous enseignait la géométrie différentielle dans le certificat « math2 » de la licence de mathématiques, à la faculté de Poitiers.
Monsieur Couty, enseignait aussi à Limoges, au C.S.U. (collège scientifique universitaire) , qui venait d’être créé.
L’année 1960-1961, j’étais assistant à la faculté de Poitiers et reçu à l’agrégation en juin 1961, j’ai été nommé, professeur de lycée en Algérie comme tous les jeunes fonctionnaires. Le gouvernement de l’époque avait en effet décidé cela afin « de permettre à l’administration de l’Algérie d’avoir un appoint de jeunes fonctionnaires et aussi à ces derniers de mieux connaître les différents problèmes de l’Algérie»
En juin 1962, je reviens en France, comme plus d’un demi-million de rapatriés….et je me tourne vers mes professeurs de la Faculté de Poitiers pour savoir s’il était possible de me réintégrer dans l’enseignement supérieur.
Messieurs Revuz- alors directeur à Poitiers- et Couty m’ont alors proposé Limoges. J’ai accepté . ..( dans ces temps là, il n’y avait pas de commissions de spécialistes…)
Je suis donc arrivé à Limoges en septembre 1962 comme maître-assistant et j’ai fait toute ma carrière dans cette bonne ville.. Nous n’étions alors que 4 enseignants en mathématiques , avec Jean-Claude Petit et Marc Robert.
Il eut été simple que je commence des travaux de recherche avec Monsieur Couty mais vraiment la géométrie différentielle ne m’inspirait pas. Alors , il m’a gentiment mis en contact avec le Professeur Dolbeault, pour travailler sur les fonctions de variables complexes. Toutes les semaines je faisais le trajet Poitiers-Limoges.
Assez rapidement, le département de mathématiques , toujours dirigé par Monsieur Couty, a pris de l’extension : création de la première année de licence puis de la seconde. Nous intervenions aussi en physique et en sciences économiques. Le département est donc devenu très vivant …et chaque année universitaire se terminait par un repas qui regroupait tous les enseignants et leurs conjoints…
Monsieur Couty avait une autorité naturelle , personne ne contestait ses décisions car elles étaient toujours prises après concertation et allaient toujours dans le bon sens. Il s’intéressait à tout , enseignement, recherche , et même à l’administration , tâche ingrate qu’il accomplissait sans trop de peine, semble- t -il ….
La belle bibliothèque de mathématique, créée en 1968, a été son œuvre et je sais pour l’avoir défendue en Conseil Scientifique que son existence a été difficile à admettre auprès de nos collègues de l’Université .
Monsieur Couty a été membre du jury de ma thèse, pour laquelle il m’a encouragé, bien que ce n’était pas vraiment son domaine…
Il a toujours été pour moi un maître, un exemple et j’ai regretté fortement son départ à la retraite d’autant plus que j’ai dû prendre à mon tour un certain nombre de responsabilités qu’il avait assumées pendant plus de 25 ans.
Guy Robin (témoignage reçu le 29 mars 2016).
Alain Nadaud
Reçu au concours IPES en 1976 (!!!...) à l'université de Limoges, j'ai eu la chance les années suivantes de suivre les cours de Raymond Couty en Licence de Mathématiques avant de poursuivre par la préparation à l'écrit du CAPES. Concernant ce concours, les années 79/80 furent plutôt du genre "vaches maigres" et il fallait s'accrocher !
Le souvenir de ce professeur enthousiaste et accessible, allant et venant au tableau (un bémol : son écriture !) a traversé toute la carrière du modeste "prof de maths" de Lycée que je suis devenu...
La clarté - mieux : la limpidité - de ses explications était remarquable ; il savait gommer les difficultés comme personne, et se mettre à la portée de l'étudiant lambda que j'étais. Au même titre d'ailleurs que ses ouvrages (que j'ai toujours, mais que je n'ai pas ouverts c'est vrai depuis longtemps...) A tel point que certains échanges entre étudiants pouvaient ressembler à ceci : "Si tu n'y comprends rien, va voir dans le Couty, j'ai tout pigé !" Son seul concurrent sérieux - en Analyse - était le Bass de premier cycle...
Bref ! Un sacré pédagogue... Et sans chichis ! Certes tout était sans aucun doute réfléchi, mais le "feeling" était sa qualité première ; et à la toute fin de ma carrière, je suis convaincu que certaines personnes sont claires spontanément ; c'était à coup sûr le cas de Raymond Couty.
Alain Nadaud, professeur en Lycée à Tarbes (témoignage reçu le 1er avril 2016).
Sylvie Fort
Le souvenir toujours vivant que je garde de Monsieur Couty, est cette phrase qu'il lançait par humour aux étudiants que nous étions en DEUG Sciences des Structures et de la Matière dans ce tout début des années 1980: "Même votre petit frère de trois ans pourrait comprendre..." Bien sûr, ça nous faisait doucement rigoler, mais malgré tout, c'est l'impression que donnaient ses cours, une évidence, une clarté. Il était toujours plein d’énergie communicative et très accessible.
Sylvie Fort (reçu le 8 avril 2016)
Michel Théra
Monsieur Couty fut un professeur respecté par ses élèves et aussi par ses collaborateurs. Il a exercé ses différentes missions avec passion, enthousiasme et humilité, marquant ainsi toute une génération d'étudiants et de collègues.
Il fut en compagnie des professeurs Duchaigne et Joliet à l'origine de la transformation du Collège Scientifique Universitaire en une université de plein exercice. Il a créé et développé avec ses collaborateurs le département de mathématiques, l'IREM de Limoges, la bibliothèque de mathématiques pour laquelle il a su convaincre ses collègues et les divers politiques qu'elle était pour les mathématiciens l'outil de travail incontournable.
Combien de fois, nous a-t-il entretenus de son maître, le professeur André Lichnerowicz, pour lequel il avait une admiration sans bornes. Malgré ses occupations diverses et très prenantes, il ne manquait jamais son séminaire hebdomadaire au Collège de France.
J'ai connu quelques très bons pédagogues et Monsieur Couty en faisait partie. Cependant, il avait quelque chose de plus, il possédait cette faculté extraordinaire de communiquer à son auditoire sa passion pour les " belles mathématiques " comme il aimait dire.
Je lui dois d'être rentré dans la carrière universitaire et cette journée me donne l'occasion de lui adresser, mon admiration, ma reconnaissance, et mon respect. Merci, Monsieur.
Michel Théra (reçu le 15 avril 2016).
Jean-Paul Penot
Raymond Couty et moi-même avons eu le même patron, André Lichnérowicz, mais nous ne sommes pas connus à ce moment-là, car les élèves de celui-ci étaient nombreux et il devait y avoir un décalage dans le temps (de plus, je papillonnais). Il a failli être mon patron, car j'avais été sollicité pour un poste à Limoges. Mais comme j'avais déjà accepté d'aller à Pau, j'ai décliné l'offre ainsi que celle de Toulouse. Heureux temps dans lequel il y avait plus d'offres que de candidats et dans lequel on pouvait se considérer comme un bâtisseur !
Par la suite, j'ai rencontré Raymond Couty au cours de mes passages répétés à Limoges et j'ai apprécié sa gentillesse et son ouverture. Je le sentais comme de mon pays, presque de ma famille.
Jean-Paul Penot (reçu le 21 avril 2016)
Danielle Denichoux
C’était un honneur et un plaisir pour moi de travailler sous la direction de Monsieur Couty.
Il était, avant tout, un homme bon, sans orgueil ni vanité qui s’intéressait à tous et à chacun avec bienveillance, sans tenir compte de la position sociale.
C’était, comme on le disait, au siècle des Lumières « un parfait honnête homme ».
Danielle Denichoux (reçu le 21 avril 2016)
Jean-Claude Petit
Ma vie professionnelle a été fortement influencée par la personnalité de Monsieur Couty : tout d'abord je fus son étudiant en première année de licence à Poitiers (MGP en 55-56). Je revois encore les corrections minutieuses et efficaces des devoirs que je lui remettais. Après une année en qualité d'assistant à Poitiers (1), je fus son assistant au C.S.U. d'Arsonval à Limoges en 60-61. Il me ménagea un service permettant de suivre la préparation à l'agrégation à Poitiers avec Guy Robin mon « collègue et néanmoins ami » (formule utilisée humoristiquement par Monsieur Couty...). Après deux années d'enseignement en lycée comme professeur responsable d'une maths élém., d'une seconde (2) etc... je redevins son assistant au C.S.U. d'Arsonval.
La politique de développement du département de mathématiques menée par Monsieur Couty permettait même à un chercheur isolé de se tenir informé et éventuellement de se lancer dans la recherche en obtenant quelque frais de déplacement pour assister à des séminaires . Nous disposions à Limoges d'abonnements aux principales revues internationales et nous commandions au CNRS les photocopies des articles résumés ou analysés dans ces revues si nous ne les avions pas dans notre bibliothèque locale. Si nous avions su, nous aurions regretté internet...
C'est ainsi que je pus préparer à Limoges une thèse soutenue en 68 à Orsay auprès de mon directeur de thèse L. Lesieur. Par la suite j'ai eu la chance d'avoir des promotions sur place et de devenir collègue de mon premier professeur de faculté. Bien entendu j'ai beaucoup utilisé et apprécié les ouvrages Couty-Ezra, bien entendu j'ai assisté à des conférences d'initiation à la géométrie différentielle faites par Monsieur Couty (je pensais que ce n'était pas facile et j'étais loin de tout comprendre...!) mais j'ai surtout été témoin de son dynamisme, de ses qualités de fin stratège dans la gestion, de sa subtilité dans les rapports humains, tant au sein du département de mathématiques qu'au sein de la faculté des sciences ou de l'université en expansion.
Au delà du solide mathématicien et de l'universitaire de renom, je conserve l'image d'un homme de cœur, au commerce très agréable, attachant et fidèle à ses origines.
(1) Le meilleur étudiant de mon groupe de TP d'alors, Jacques Borowczyk, chantait « Série je t'aime, série je t'adore... » sur l'air connu de « Chérie... » après une séance d'exercices sur les séries
(2) « Mais M'sieur... » y disait le jeune Michel Théra qui découvrait peu de temps après moi les « maths modernes ». J'ai eu depuis le plaisir de le voir me dépasser sur le chemin universitaire à Limoges.
Jean-Claude Petit (reçu le 25 avril 2016)
Michel Herbin
Il y a plus de quarante ans, j’étais un des étudiants du Professeur Raymond Couty. Enseignant respecté, son influence dépassait largement le cadre des mathématiques. Du respect admiratif du jeune étudiant de l’époque, il me reste des valeurs de travail, de compétences et de rigueur qui prennent sens avec la tolérance, la gentillesse et l’ouverture d’esprit qui caractérisaient Raymond Couty. Je suis maintenant professeur d’informatique à l’Université de Reims Champagne-Ardenne et Raymond Couty demeure pour moi un des modèles d’universitaires qui ont œuvré pour une université démocratique et performante. Mes années d’études à l’Université de Limoges, ma formation initiale en mathématiques et ma carrière universitaire lui doivent beaucoup. Je ne peux hélas pas me rendre à Limoges pour cette journée d’hommage à Raymond Couty mais je souhaite m’associer aux témoignages de la communauté universitaire et remercier sa famille d’avoir permis d’organiser cette journée.
Michel Herbin (reçu le 26 avril 2016)
Jean-Louis Gayot
J'ai eu Monsieur Couty en cours d'amphi de DEUG SSM1 le dernier trimestre avant son départ en retraite. J'ai le souvenir de cours très clairs et bien enchaînés, un très bon pédagogue qui savait se mettre au niveau des étudiants. En plus de cela, c'était un professeur affable et très accessible. Tout ceci pour dire que je garde un excellent souvenir de cette (trop courte) période d'étudiant.
Jean-Louis Gayot (reçu le 26 avril 2016)